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Méchante nostalgie. [Sophie Luca Reyes]

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Zelda N. Estragos

Zelda N. Estragos

bibliothecaire
❖ Sexe : Féminin
❖ Arrivé le : 12/01/2013
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MessageSujet: Méchante nostalgie. [Sophie Luca Reyes] Méchante nostalgie. [Sophie Luca Reyes] EmptyMar 15 Jan - 18:20

L'herbe s'étendait à l'infini devant moi. J'en vint à me demander si je pourrais arriver à destination un jour. Pourtant, oubliant mes craintes, je me mis à marcher -non, à courir, droit devant, Nayden à mes côtés. J'en ai enduré des combats, des souffrances. Et pourtant je suis toujours debout. Enfin, il faut avouer que la mort est difficile à obtenir ici. Tout autour de moi, je vois des êtres étranges courir, m'attaquer, puis s'enfuir ; le ciel est bleu, pur, mais je ne vois pas le soleil. Quelle drôle d'image.
Et là, je retiens mon souffle ; elle est là, devant moi, la ville. A un pas, la plaine qui me semblait infinie laisse place à du béton armé, à des pavés, et je gravis les escaliers.
C'est la fête. La grande roue tourne, les montagnes russes sont en marche. Mon animal semble tout excité. Il ressemble beaucoup à un rat, avec ses grandes dents de devant, et sa mine réjouie. D'où son nom, me direz-vous. Mais jamais il ne pourra remplacer mon rongeur fétiche.
Pendant que je visite ce lieu fantasmagorique, je me mets à penser aux élèves, qui viennent parfois à la bibliothèque. J'ai une quinzaine de retards, rien que pour aujourd'hui. Retards pour rendre les livres, bien sûr. Je déteste les gamins qui me rendent les bouquins en retard. Ils viennent avec une moue de bébé, et disent, -au mot près- ; « Désolé, je n'avais pas fini de le lire, l'histoire me passionnait tellement... », et moi, je réponds toujours ; « Eh bien la prochaine fois que ça arrive, tu pourras venir le terminer ici, ton livre, au pire des cas. Puis tu m'aideras à faire l'inventaire ». Bizarrement, la vitesse de lecture des concernés augmente considérablement durant le laps de temps qui sépare le dernier livre rendu du dernier emprunté. Il faut croire que mes méthodes fonctionnent très bien. Qui plus est, en réalité, ils se font tous avoir : l'inventaire, je ne le fais pas, j'ai une liste en plusieurs exemplaires où je coche tous les livres non rendus ou mystérieusement disparus, qui réapparaissent tout aussi mystérieusement après avoir placardé la punition estimée du mauvais esprit qui a emprunté l'ouvrage sans en demander la permission. Si ils savaient que je n'applique jamais mes sanctions, les mioches, ils seraient tous honteux de s'être faits avoir. Et oui, même le personnel, les « PNJs » de la vraie vie, peuvent embobiner des gens. Dans l'histoire, généralement, c'est les élèves, les andouilles. Mais ils ne le savent pas. Enfin bref !
J'étais maintenant devant un énorme bâtiment, orné d'un nœud fait de néons roses. « Concours », qu'il y avait écrit sur la pancarte. Je me demandais vraiment de quoi il s'agissait. Malheureusement, au moment où je pénétrais dans la bâtisse...

...Driiiiiiiiinng...

« - C'est toujours lorsque ça devient sympathique que je dois me mettre au boulot. »

Nayden me regarda de ses gros yeux noirs, tandis que j'éteignais la Playstageek. La suite sera pour une autre fois. Mon rat -le vrai- avait retrouvé sa roue adorée, et s'amusait à tourner dedans comme un petit fou. Quand on se dit que je préfère cette bestiole à une bonne partie des pensionnaires...
Quoi qu'il en soit, il me fallait trouver des ouvrages à ajouter à la bibliothèque. Eh oui, c'est bien de vérifier que tout soit rendu à temps, mais il faut aussi remplacer les livres abîmés, et satisfaire l'appétit de lecteur de certains rats de bibliothèque (il est vrai que j'ai quelques préférences du côté des élèves, je ne m'en cache pas). C'est ainsi que je commençais à rechercher des livres sur mes nombreuses étagères à prendre comme référence pour tenter d'en avoir d'autres exemplaires à la librairie. J'achète souvent des livres. En même temps, ça fait partie de mon métier. Je regardais ma montre ; 18h41. Eh bien ça va. Avec un peu de chance, j'avais même le temps d'écrire un peu. Ah, oui, peut-être que tu ne le sais pas, mais j'ai toujours adoré écrire. En tout cas, depuis mon arrivée ici.

Après une bonne heure de recherche pour dénicher les perles rares de la fantasy -et qui ne sont pas encore à la bibliothèque-, je m'asseyais à mon bureau, posais les cinq potentiels élus livriques (ce mot n'existe pas, n'est-ce pas ?), et je me mettais à lire.
Il me fallut deux heures pour terminer intégralement le premier bouquin, qui avait au moins trois cent pages. Il faut dire que c'est une épaisseur tout à fait respectable pour moi, même si je n'ai aucun mal à lire d'une traite les ouvrages de sept cent à milles pages. Je me débrouille juste pour me prendre un dimanche. En tout cas, j'étais épuisée ; en ouvrant un placard, je me mis à grignoter des cookies, lançant des miettes de biscuit -surtout pas de pépites de chocolat, c'est pas bon pour lui- à mon rat. Comment résister à ses yeux de biche ? Je vous le demande. Me douchant rapidement, je décidais de me coucher tôt cette nuit-là ; mes cernes étaient vraiment effrayantes à voir. Malgré ma peau mate, la couleur légèrement bleutée des poches que je possédais sous les yeux se discernait sans aucun mal. Alors je me suis glissée directement sous la couverture, sans manger davantage.
Comme certains le savent déjà, Nayden n'est pas en cage. Il se balade à son aise, et a tout le nécessaire à sa petite vie dans un coin de l'appartement. Malgré le bordel qui y règne, je me débrouille pour conserver une réelle sécurité à l'égard de mon minuscule ami. Par conséquent, en escaladant la couverture, le petit animal ne tarda pas à me rejoindre, en jouant avec mes cheveux, éparpillés en une masse noire et informe sur mon oreiller.
Vers 22h30, je ne dormais toujours pas. Nous étions en mars. C'était bientôt mon anniversaire, du coup. Et mes pensées allaient à la vie que j'avais à Rio de Janeiro. Pourtant, ma devise et de n'avoir aucun regret, pour n'avoir rien à perdre. Mais je ne pouvais m'empêcher, ce soir-là, de ressentir une certaine mélancolie en songeant au carnaval de Rio, que je vivais avec mes amis. Malgré l'obscurité qui régnait dans la pièce, je distinguais vaguement les formes de la fontaine miniature, placée au centre de mon salon. Elle m'avait coûtée une petite fortune ; mes économies d'étudiante. Mais je tenais à avoir un objet tel que celui-ci dans ma demeure. Un souvenir, pour ne jamais oublier qui je suis. Et ça marche ! Un peu trop parfois. J'aimerais bien revoir mes amis d'antan. Et savoir ce qu'ils sont devenus, surtout... Même si je le souhaitais, leur envoyer des lettres ne serait pas possible ; comment entretenir une relation épistolaire avec quelqu'un qui n'a pas d'adresse ? Ah, quelles tristes pensées. Je ne voulais pas me laisser envahir par la nostalgie. C'est une maladie qui ne se guérit pas, et qui ronge ton être petit à petit. Et si j'ai réussi à la contourner cinq années durant, ce n'est pas aujourd'hui que je comptais céder.
J'enfilais un jean et un manteau noir, à la va-vite. Une paire de bottines grises, et une queue de cheval rapidement faite. Au diable les mèches qui traînent habituellement au devant de mon visage ; cette fois, je voulais vraiment me changer les idées au plus vite. Je prenais Nayden, qui s'agrippait vainement à mon pantalon, et le posait sur mon épaule. Il accrocha ma chevelure de ses petites griffes en couinant, comme d'habitude. Je souris.

En fermant doucement la porte de mon appartement, pour ne pas déranger les autres, je sortis de la résidence. Nous étions en mars, comme je l'ai signalé plus tôt, mais l'air était frais. Il était tard. Je n'allais pas me rendre bien loin. Juste faire un petit tour.

Du moins, c'est ce que j'avais prévu.
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MessageSujet: Re: Méchante nostalgie. [Sophie Luca Reyes] Méchante nostalgie. [Sophie Luca Reyes] EmptyJeu 17 Jan - 10:16

J'ouvre les yeux. Je remarque immédiatement que j'ai fait la grasse soirée - mon équivalent personnel de grasse matinée. Le soleil est déjà couché. Je souris, et me redresse de mon hamac. Je baille à m'en décrocher la mâchoire, et ça commence. Les démangeaisons quotidiennes, dues à la brûlure que me provoque le soleil, se mettent à me lancer. Il faut vite que j'aille aux bains pour enlever toute cette peau morte et brûlée. Je m'habille rapidement, et dresse malhabilement mes cheveux orange vif. Un petit coup d'oeil dans le morceau de miroir accroché sur une poutre brisée que j'ai récupéré sur un immeuble en ruine, dans les quartiers mal famés. Faut dire que la plupart des quartiers sont inactifs à partir de 1h du matin. Mais j'ai l'habitude, et du coup, je me dirige alors vers les mauvais quartiers, qui restent en activité jusqu'à ce que vienne l'heure pour moi de dormir. Ca me laisse traîner une certaine mauvaise réputation, mais je m'en fiche.

Je passe les détails de ma douche, bien qu'elle dure plus longtemps que d'habitude. Il n'est pas loin de 23h lorsque je commence à déambuler tel un fantôme dans les rues de la ville. Un vent léger et agréable fait voleter mes vêtements plus qu'amples, à tel point qu'on dirait une draperie spectrale. Mes cheveux à la couleur flashy contrastent avec mon entrée en scène. J'aime bien cette petite touche chez moi, je ne le répéterai jamais assez. Je commence par me diriger vers un snack qui vend des hot-dogs. Je vide mon porte-monnaie pour cela, et je me dis qu'il serait temps de me remettre au travail. Dur de trouver un travail honnête dans ma condition, alors je dévore mon sandwich de manière rapide et efficace, puis passe par des toilettes publiques pour faire mon affaire et me laver les mains. Je sors alors de ma poche une petite paire de gants en tissu léger et fin. Je les enfile, et me voilà prête à remplir mon porte-monnaie.

Le quartier Heaven est idéal pour ça. Pas le plus luxueux, mais pas non plus hyper mal famé. Seuls les meilleurs s'en donnent à coeur joie dans ce quartier, mais en même temps, y'a pas grand chose comme pickpocket. Les commerçants du coin savent qu'un petit malin sévit dans le quartier, et certains savent même de qui il s'agit, mais vu que leurs caisses gonflent grâce à ma participation, ils ne disent rien, et en plus, je leur rend bien. Mes méthodes de vol son pour le moins florissantes pour le quartier. Une petite phrase bien placée, contenant une pub pour tel ou tel restaurant, et hop, c'est dans la poche. Bien sûr, je ne vole que quelques pièces, histoire que cela passe inaperçu.

Ma première cible est une femme sobrement vêtue. Elle est accompagnée de trois enfants, et j'entends parler de trucs genre cinéma. Y'a un ciné dans cette ville ? Je m'approche d'eux, et je sors de ma poche une petite arme secrète. En passant près d'eux en mimant un intérêt grandiose pour la statue derrière eux, je sors de ma poche un petit carnet, laissant tomber une sucette par la même, en m'arrangeant pour qu'un des trois enfants la remarque. Il me jette un regard froid, et ça me fait sourire. Je prends des notes de manière concentrée, et je le vois chipper la sucette. Sa soeur le voit et commence à lui crier dessus, suivie par le troisième marmot. Je soupire. Ca fonctionne, mais ça me fait penser que si un jour je dois avoir des enfants, j'en aurais qu'un seul. Quoique... Il pourrait être pourri gâté. J'en veux pas pour l'instant.

La mère commence à s'intéresser à leur querelle, et j'en profite pour évaporer ma main. Une volute de fumée me permet de garder le gant dans la même forme et même position. Ma main se matérialise dans le sac de la dame, et ouvre le porte monnaie. Je pioche un petit billet et une légère poignée de pièces avant de tout ramener vers moi. Je glisse le tout dans le carnet en question, replace ma main sur son poignet, et m'éloigne, ouvrant la bouche pour parler à haute voix.

- Je mangerai bien une crêpe moi... Allez, direction The Corner !

Et hop, pub placée. Je continue ma route en comptant la trouvaille. Je suis assez étonnée : le plus petit billet était un billet assez gros. Sans doute une riche qui veut ne pas le paraitre. Je rigole et m'avance dans la rue jusqu'à tomber sur Violon, le chaton que j'ai adopté - qui m'a adoptée, plutôt. Il miaule, et je lui lance une petite bouchée que j'avais dans ma poche, enroulée dans du film transparent. En me relevant pour avancer, je bouscule une personne. Cheveux noirs, teint mat, yeux bleus. Détails qui frappent. De tous les habitants de cette île, j'étais persuadée d'être la seule avec une peau différente. Le sienne est plus naturelle, on dirait un élégant bronzage. Vacances à Ibiza ?

- Excusez-moi, je n'ai pas fait attention.

Violon miaule de nouveau et s'enfuit. Me vient l'envie de le suivre et de jouer avec lui sous forme de vapeur. Je m'apprête donc à m'évaporer sans crier gare, mais quelque chose me retient devant cette fille. Sa tête me dit quelque chose. Une vedette ? Si oui, je dois en faire une copine. La fille du mafieux de la ville ? Je sais même pas si y'a une mafia dans le coin, mais vaut mieux pas m'en faire une ennemie dans ce cas. elle n'est pas habillée pour être une bourgeoise, mais la mère de la scène précédente m'a fait comprendre que l'habit ne fait pas le moine. Elle n'a pas non plus l'air d'être une mendiante. Qui est-elle ? Où l'ai-je vue ? Cette question m'empêche d'activer mon pouvoir, et je reste devant elle, posant mon regard interrogateur dans le sien.
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Zelda N. Estragos

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MessageSujet: Re: Méchante nostalgie. [Sophie Luca Reyes] Méchante nostalgie. [Sophie Luca Reyes] EmptyJeu 17 Jan - 19:49

Nayden faillit tomber de mon épaule.

Déséquilibré, le petit rat s'était accroché de justesse au tissu de ma veste. Si il s'était cassé quelque chose, la personne en face de moi aurait senti passer ma colère. Certes, je suis calme, mais il s'agit quand même d'un être vivant. Enfin. Je suppose qu'elle ne l'avait pas fait exprès. Puis mon compagnon d'infortune était au meilleur de sa forme, bien qu'un peu sonné. Sans rancune ! De toute manière, la fille qui m'avait bousculée venait de s'excuser. Voilà qui m'avait changé les idées le temps de quelques secondes. Ceci dit, il était temps de reprendre ma promenade comme je l'avais commencée. Malheureusement, cela s'avérait impossible. La jeune femme qui m'avait bousculée était restée plantée là comme un poteau au milieu d'un champ de patates, et me fixait de ses yeux... Rouges ? Rouges. Pourquoi pas. Encore des lentilles ? Tiens, d'ailleurs, quelque chose d'autre m'intriguait beaucoup chez cette jeune personne ; sa peau.
Cette demoiselle avait le teint gris. Littéralement. Tandis que ma peau était mate, bronzée, la sienne était pâle à l'extrême. C'est certain, cette particularité avait son charme. Mais elle n'en restait pas moins étonnante.
Intriguée, ma curiosité me poussait à demander à cette fille quelle était l'origine de l'étrange couleur de son épiderme. Seulement, même si j'ai tendance à dire ce que je pense, ce n'est pas quelque chose qui se fait avec une inconnue. Malheureusement.
Je suis bien restée une dizaine de secondes à fixer celle qui allait être mon interlocutrice avant de daigner lui adresser la parole. Ce n'est pas tous les jours qu'on croise des gens comme ça. J'en viens à espérer l'existence d'un don qui puisse donner les capacités d'un vampire à un humain. Les capacités de vrais vampires, bien sûr. Pas ces gens qui brillent au soleil. Fichu livre de pacotille. Remarque, ce Don ne doit probablement pas réellement exister. Il paraît que je suis un peu trop dans mon monde. Peut-être que je devrais commencer à me séparer de mes livres.
Je raconte vraiment n'importe quoi, ce soir.

« - ... Un problème ? »

J'avais dit ça sur un ton interrogateur, loin d'être hostile. Bizarrement, lorsque je suis loin de mon lieu de travail, des adolescents, du pensionnat en général, je suis moins stressée, moins désagréable. Il faut dire que certains élèves me font une réputation de femme hargneuse, là-bas. Ils ne me connaissent même pas. Tu m'étonnes, si on vient à la bibliothèque pour se maquiller, ils se font virer, les gamins. Il n'y a rien de « haineux » là-dedans. Dans mon esprit, on vient à la bibliothèque pour lire. Point.
En tout cas, bien qu'elle ait l'air d'avoir l'âge d'une étudiante, cette fille ne me disait rien. Je ne l'avais jamais vue au pensionnat. Peut-être vivait-elle sa vie en grande solitaire, qui sait. Je préférais m'en assurer.

« - Dis-moi, tu n'es pas à l'établissement scolaire de l'île, n'est-ce-pas ? Tu as pourtant l'âge d'y aller. »

Si elle évitait volontairement les cours, cette adolescente risquait d'être plutôt embêtée. Ce qui me fascinait, chez elle, c'était aussi ses cheveux. De longs cheveux d'un roux flamboyant. J'aurais voulu avoir les mêmes. Je trouve ça bête, d'être mal vu juste pour une particularité qui fait le charme de chacun. Heureusement pour moi, et pour d'autres, le racisme n'est pas aussi présent sur cette île que dans le reste du monde. Il faut dire, en même temps, que nous sommes des « privilégiés », en quelque sorte. Nous avons des pouvoirs. Et cela implique une certaine maturité.
D'ailleurs, le fait que cette jeune femme ne soit pas à New Age m'intrigue, car à sa place, j'aurais été plus que hâtive d'apprendre à maîtriser mon Don. Mais son teint si pâle devait sûrement être dû à l'absence de lumière. De lumière en provenance du soleil, je veux dire. C'est ainsi que j'émis l'hypothèse d'une maladie rare, qui ne lui permettait pas de se montrer au grand jour. Oui, comme les vampires.
Nayden n'avait pas l'air inquiété par la présence de la jeune en face de moi. Le rat avait retrouvé sa bonne humeur, en moins de cinq minutes, après avoir frôlé la visite chez le vétérinaire. Moi, je ne pensais presque plus à mon ancienne vie. Presque. Mes amis hantaient toujours mon esprit.
J'aurais vraiment voulu savoir ce qu'ils sont devenus. Et pourtant, la réponse me paraît évidente. La plupart sont dans la misère. Quand on naît dans un ghetto brésilien ou un favelas, il est dur d'en sortir. Quant au plus aisé de nous cinq, il a sûrement dû prendre la suite de son père... J'espère pour lui qu'il n'a pas perdu son esprit d'aventurier. Les hommes d'affaires sont si ennuyeux. C'est vrai. Dans les grands buildings, à Rio, je me disais qu'ils devaient énormément s'ennuyer. Je n'aimerais pas être riche. Je ne saurais pas expliquer pourquoi... La folie des grandeurs, ce n'est pas pour moi. Pour être satisfaite de ma condition, il me suffit de quelques livres, d'un rongeur (Nayden, de préférence), et d'un logement. Pour le reste... Je me débrouille. Quoi que. De nourriture aussi, c'est mieux.

En parlant de logement, je me demandais si cette fille, en face de moi, en avait un à proprement parler. Elle portait des vêtements amples, mais à sa dégaine, je doutais vraiment du fait qu'elle se soit trouvé un petit boulot. Comme on dit, les apparences sont parfois trompeuses. Qui suis-je pour deviner ses problèmes alors que je ne connais même pas son nom ? Mais par cette nuit frisquette, elle devait avoir un peu froid. Je suis sûrement plus frileuse qu'elle. J'ai tellement changé en arrivant ici... Dire que je ne connaissais même pas l'existence du terme « fantasy » quand j'avais quatorze ans. Aujourd'hui, je ne pourrais plus m'en passer. Je sors moins, je suis devenue solitaire. Alors qu'il y a cinq années de ça, j'étais la plus sociable des jeunes filles. C'est fou ce qu'un tournant majeur dans une vie peut métamorphoser une personne.

Quoi qu'il en soit, j'avais hâte d'en savoir plus sur l'attitude de cette adolescente. C'est vrai, quoi, n'importe qui serait parti après s'être excusé de m'avoir bousculée, moi, une personne ordinaire, une fille qui se fond dans la masse. Mais pas elle. Et moi qui était sortie pour oublier mon passé, c'était un parfait prétexte pour passer à autre chose.
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MessageSujet: Re: Méchante nostalgie. [Sophie Luca Reyes] Méchante nostalgie. [Sophie Luca Reyes] EmptyJeu 17 Jan - 20:48

Elle n'a pas l'air désorientée par la bousculade. Comme toutes les personnes que je croise, je suis sûre qu'elle s'interroge sur la couleur de ma peau. Et, comme depuis que je suis sur l'ile, elle n'esquisse pas de mouvement terrifié. Non, ça, ça a changé depuis que je suis ici. Au départ, les gens qui me voyaient me posaient la question "Ca vient de ton don ?" mais ils ont vite compris devant mon silence, et devant les rares manifestations de mon pouvoir, que celui-ci n'était pas en cause de ma couleur de peau. C'est un médecin qui a diffusé l'explication aux commerçants. Ma maladie. Qui, mis à part les démangeaisons quotidiennes, reste relativement plaisant. Au moins, je sais qu'on ne m'oublie pas.

« - ... Un problème ? »

Son interpellation me fait revenir à la réalité. Je me posais des questions sur elle, et je suis revenue en arrière. J'ignore combien de temps s'est écoulé depuis que j'ai divergé mentalement, mais je dois avoir l'air intelligente à rester devant elle, immobile, et à la regarder. J'aime beaucoup son regard d'ailleurs. On s'y noierait. Je réagis et je lui adresse un sourire amical. Pas question de m'en faire une ennemie, elle a trop la classe. Son bronzage est trop cool !

- Du tout, je me pose juste quelques questions pas bien graves... Je suis réveillée depuis deux heures, tu vois...

Est-ce bien prudent de lui dire que je viens de me lever ? Après tout, j'ignore qui elle est. Elle ne m'a pas l'air terrifiante, mais on ne sait jamais, je devrais être plus prudente avec les gens que je croise. Et justement, la question qui tue ne tarde pas à sortir. J'aurais dû m'en douter.

« - Dis-moi, tu n'es pas à l'établissement scolaire de l'île, n'est-ce-pas ? Tu as pourtant l'âge d'y aller. »

Il a fallu que je tombe sur une prof de cet établissement de fous. Dommage, mais je voudrais bien la voir essayer de m'y trainer. J'ai une très bonne excuse pour ne pas y aller, des preuves et tout et tout. Et puis, si elle m'y traine, j'aurais pris les devants en prévenant les secours qu'il risquait d'y avoir une brûlée grave à l'institut. Je lui adresse un petit sourire, un peu plus poussé et plus éloigné de la gentillesse que le précédent. Qu'elle essaie de m'y emmener, elle devrai jouer à Chat avec moi, et je n'ai jamais perdu à ce jeu. Mon pouvoir est formidable. Comme pour la préparer à mes intentions, je commence à diffuser une légère vapeur derrière moi, et à me laisser partir. Je ne quitterai les lieux que si ça chauffe, parce que je peux très bien me tromper.

- Non, je suis exemptée de cours la journée. Si tu connais un bon prof qui accepte de donner ses cours la nuit, je prends, mais en attendant, je ne suis pas scolarisée.

Contrairement à ce que j'ai voulu faire, le ton que j'ai employé était assez sec. Très sec, même, suffisamment pour lui indiquer que le sujet est pour moi très sensible. Je ne doute pas qu'elle a du voir les filets de vapeur qui s'échappent de mon corps, et dans quelques secondes, tout au plus, elle aura la possibilité de me voir translucide. Il ne lui reste même pas une minute pour me convaincre que je n'ai rien à craindre d'elle, et je ne sais pas, vu la rapidité à laquelle sa question est venue, si elle en est capable. Mon esprit furte vers une sortie possible, et mon idée précédente me vient à l'esprit. Une crêpe au Corner, puis jouer avec Violon, même si je dois admettre que le rongeur logé sur ses épaules attire mon regard tel un aimant attire une vis.
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MessageSujet: Re: Méchante nostalgie. [Sophie Luca Reyes] Méchante nostalgie. [Sophie Luca Reyes] EmptySam 19 Jan - 10:02

Ah. C'est pas un vampire.
C'est ce que je me suis dit, lorsque j'ai vu ce mince filet de vapeur filer derrière mon interlocutrice. Son pouvoir consistait à se transformer en fumée, apparemment. Au niveau du caractère, elle me paraissait incroyablement farouche. Comme un chat sauvage. On le caresse quelques secondes, et au premier geste brusque, le petit félin se met sur la défensive, prend ses distances. D'ailleurs, elle était accompagnée d'un chat, cette personne. Heureusement que Nayden ne les craint plus. Il a vite compris qu'en ma présence, les chats ne pourraient pas l'atteindre. Je ne suis pas méchante avec les animaux, mais entre m'énerver contre un chat errant et laisser mon animal de compagnie se faire dévorer, le choix est vite fait. De toute façon, le petit félin était parti, je crois. Peut-être qu'il était un peu plus loin.
En effet, la jeune femme devait être malade. Elle m'a dit ne s'être réveillée que depuis deux heures. Et pourtant, je lui ai quand même demandé si elle était scolarisée. Quelle gourde je fais. Son ton, soudain devenu sec, ne me choqua même pas. J'aurais sûrement réagi de la même manière. Ce n'est pas un cadeau, de ne pas pouvoir se promener en pleine journée ; en tout cas, je ne le supporterais pas. Je connais des gens qui préfèrent la nuit au jour, mais moi, ayant vécu dans l'une des villes les plus réputées pour ses couleurs et son esprit festif, je ne pourrais pas me passer de l'astre solaire. En plus, ma peau mate est presque une fierté pour moi. J'en ai pas vu beaucoup qui conservent le même teint que moi. Puis, il faut bien l'avouer, avoir des yeux bleus et une peau métissée, c'est très classieux. Les gens me reconnaissent tout de suite grâce à ce petit détail, même si je suis très discrète. Mais passons.

Comme je le soulignais tout à l'heure, l'adolescente à qui je parlais était maintenant sur la défensive. Elle n'était pas scolarisée, et devait sans doute s'attendre à ce que je l'oblige à prendre des cours. Seulement, la gamine s'était sans aucun doute méprise sur un point ; moi, je ne suis pas professeur. Je suis bibliothécaire. Autrement dit, le fait qu'elle soit inscrite ou pas au pensionnat, j'en ai rien à foutre. C'est l'état de mes livres qui m'intéresse. Puis, je n'ai jamais jugé quelqu'un sur la qualité de son éducation ou sur ses notes en mathématiques ; le caractère d'une personne ne se limite pas à ça. Moi-même, j'étais vraiment pitoyable au niveau des sciences. Et pourtant, je considère que ma vie se passe plutôt bien. Mon métier est stable, j'ai mûri, j'ai un logement, et une réputation tout à fait acceptable.
Seulement, je me demandais ce que cette fille pourrait bien faire, si elle ne s'instruit pas. Elle ne peut pas errer comme ça toute sa vie. Libre à elle de le faire, bien sûr... Mais personnellement, je ne me limiterais pas à ça. Il y a énormément d'opportunités sur cette île. Des métiers qu'on ne pourrait pas exercer à l'extérieur, à cause de ces Dons que l'on devrait cacher. En plus, le sien, de Don, est très utile. Et même si c'est pour exercer un métier mal vu, même si c'est pour voler ou espionner, cette adolescente devrait quand même étudier un minimum. Et le fait que je fasse partie du personnel de New Age ne change rien à mon jugement. Je sais juste comme c'est compliqué de rattraper le temps qu'on a perdu en terme d'éducation. A Rio de Janeiro, mon école n'était pas terrible. Mais ma mère n'avait pas les moyens de me payer un établissement digne de ce nom. J'ai eu beaucoup de mal à rattraper mon retard (surtout en maths, quelle horreur).

« - Ah. Je pense quand même que tu devrais chercher quelqu'un pour te faire cours. Personnellement, je m'en fiche, c'est de ton avenir qu'il s'agit, pas du mien. »

Vu la vitesse à laquelle mon interlocutrice s'était méfiée de moi, je supposais que sa vie n'avait pas dû être de tout repos. Pourtant, elle paraissait complètement amicale, au premier abord. Moi, je ne tiens pas à lui courir après. Si elle décide de partir, c'est son affaire. Même si je dois avouer que le personnage m'intrigue beaucoup ; j'avais entendu parler d'elle, je crois. Mais je ne pensais pas qu'on puisse être si pâle. Je continuais à la fixer, en détaillant son apparence. Aimait-elle lire ? Tiens, ça aussi, ça piquait ma curiosité. Vagabonde ou pas, la lecture est un loisir que tout le monde devrait pouvoir pratiquer. Mais il faut avouer que les livres ne sont pas donnés. Si elle arrêtait de feindre la fuite, peut-être pourrais-je lui proposer d'emprunter des bouquins. Ceux de la bibliothèque sont aux frais du pensionnat, puis elle ne crache pas du feu, alors ça aurait pu aller. Faudrait-il encore qu'elle apprécie la lecture. Dans le cas contraire, tant pis. C'est vrai que je m'attache assez rapidement aux gens comme elle, qui vivent comme ils peuvent. C'est sûrement parce que je m'y retrouve un peu. Moi, en plus jeune. Ce qui est amusant, c'est que, malgré la vingtaine d'années que j'ai, les gens m'en donnent plus, à cause de mon tempérament. Je suis loin de faire partie de cette jeunesse fougueuse, qui ne cherche qu'à s'amuser. C'est pour ça que j'ai le sentiment d'être vieille, parfois. J'ai l'impression d'être différente de mes semblables, de par mes occupations. C'est peut-être aussi pour ça que j'ai du mal à me construire un entourage... Pendant que les autres sont occupés à faire la fête et à rêvasser sur leurs idoles, moi je me plonge dans mes livres, et je peux rester comme ça une journée entière. Avec quelques parties de jeux vidéos. Les jeux vidéos, je ne comprends pas pourquoi les gens disent qu'ils sont mauvais pour la santé. Ça fonctionne comme un livre interactif, après tout. Une histoire dont on est l'acteur. Moi, je trouve ça vraiment bien. Même si je préfère le toucher du papier à ce support électronique.

« - Dis-moi, est-ce que tu aimes lire ? »

Je n'ai pas pu m'en empêcher. Je suis bibliothécaire. Une vraie littéraire. Malgré tout, ça, la fausse vampiresse en face de moi ne le savait pas. Elle allait sûrement le deviner, mais ma question lui semblerait étrange. Enfin, ce n'est pas grave. Quand quelque chose me turlupine, j'ai besoin de poser des questions, au risque de paraître idiote.

Et maintenant, j'espérais qu'elle m'accorderait un peu plus de confiance. Je n'allais quand même pas la manger.
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Méchante nostalgie. [Sophie Luca Reyes]

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